Definition
Un blended whisky est le résultat du mélange de différents whiskies dont les âges et les origines peuvent différer. Sa composition générale est un mélange d’un ou plusieurs single malt de qualité avec des liqueurs plus légères et de l’eau. On y ajoute parfois de l’alcool de grain neutre, du colorant et des arômes artificiels.
Dégustation
Du fait qu’il soit un mélange, les notes d’un blended whisky peuvent être totalement différentes de l’un à l’autre. Par exemple un Chivas 12 ans a des notes fruitées, de la pomme essentiellement, florales et mielleuses alors qu’un Johnnie Walker Black sera porté sur le raisin et l’orange avec une vanille légèrement épicée le tout transcendé par une fumée de tourbe.
Histoire
Le blended whisky doit son succès en grand part à quelques inventeurs ambitieux. Le premier à citer est Aeneas Coffey qui inventa en 1830 le premier alambic en colonne servant à produire du whisky de grain à bien moindre coût. Il acheva ainsi les travaux sur ce genre d’alambics de Sir Anthony Perrier et Robert Stein. Il donnera d’ailleurs son nom au Coffey Grain Whisky et à son alambic, le Coffey Still.
Andrew Usher est également un personnage important de cette histoire, l’inventeur du Usher’s Old Vatted Glenlivet. Un Vatted malt n’est pas exactement un blend, voir notre page sur les pure malts, mais Usher est le premier à avoir mélangé différents fûts afin d’obtenir une constance de goût.
Dans le courant des années 1850 l’usage de l’alambic à colonne se démocratise. Dans le même temps Les épiceries fines d’Ecosse se spécialisent de plus en plus dans la vente d’assemblages. Elles sont même autorisées depuis 1853 à produire leur propre blended whisky. C’est à ce moment, sous l’impulsion d’entrepreneurs de talent, John Walker, George Ballantine, James Chivas ou encore John Dewar, que le blend va profiter de moyens de communication beaucoup plus importants. Il va s’engouffrer dans une brèche pour se démocratiser et s’exporter à grande échelle en Europe où l’épidémie de Phylloxera ravage les vignes à cette époque.
Paradoxalement, sa surproduction, moins coûteuse et plus facilement standardisable va entrainer une quasi disparition du single malt pour différentes raisons. Au début du 20ème siècle, 90% de la production de whisky est du blend. Mais à cet âge d’or succède une récession économique initiée par la crise des Pattisons. Cette cirse, la plus grave de l’histoire du whisky, a été causée par l’avidité des frères Pattisons, grands négociants de whisky. Elle va faire chuter drastiquement les prix à cause de quatre problèmes : l’arrêt du développement du marché alors qu’ils achetaient le whisky à crédit; une surcharge de stock et une surproduction; mais également une remise en cause de la qualité de certains whiskies. Le nombre de distilleries passera de 160 en 1890 à moins de 30 en 1900. Le refus des distilleries irlandaises à produire du blend entrainera aussi beaucoup de fermetures.
Il faudra attendre les années 80 pour que les single malt refassent surface grâce à de gros efforts marketings et une inventivité renouvelée.
Il est à noter que la plupart des distilleries n’auraient pas survécu à la première moitié du 20ème siècle et sa grande baisse de consommation de single malt. La majorité des grandes marques, telles Teaninich, Glen Ord, mais aussi des plus célèbres, Strathisla ou Caol Ila, produisent également des liqueurs pour les marques de blend, ce qui constitue la plus grande part de leur activité. De ce fait une baisse dramatique de la consommation de blend dans le monde entrainera certainement la fermeture de plusieurs distilleries.
Fabrication
L’assemblage des blends se fait par des maîtres assembleurs, aussi appelés master blenders. Il choisit en relation avec le maître de chai d’assembler différents whiskies arrivés à maturité. L’avantage est qu’il a à sa disposition une palette aromatique très large. Il peut assembler entre eux des single malts écossais tourbés ou non, des bourbons, ryes, alcools de grain, single pot still. La règle générale veut que la base des arômes se fasse sur des notes fruitées, généralement pomme et agrumes, ainsi que florales. Pour les équilibrer il y ajoutera des goûts plus portés sur les herbes, le foin et les épices. Pour finir il pourra ajouter une part d’arômes tourbés pour rendre le blend plus percutant. L’important est avant tout l’équilibre et l’harmonie pour le maître assembleur, même si certains blends ont une identité très affirmée. Le blend a obtenu une notoriété telle que certains assembleurs sont aujourdhui célèbres, comme Sandy Hislop chez Ballantine’s, Jim Beveridge chez Johnnie Walker ou Colin Scott chez Chivas.
Une fois le mélange définit dans ses ingrédients et proportions, les différents alcools sont ensuite mélangés puis laissés à reposer dans des cuves pour une durée plus ou moins longue. Ils seront ensuite filtrés et embouteillés.
Souvent perçu comme un whisky de basse qualité jusqu’à peu, certaines distilleries ont créé des blends de grande qualité. On pense notamment à Nikka et son Nikka Blend, Suntory et son Hibiki ou certains négociants comme Compass Box avec les Peat Monster et Great King Street ou Douglas Laing et son Epicurean.
Consommation
Les blends représentent 90% de la production globale de whisky dans le monde. 6,3 milliards de litres de ces mélanges sont produits chaque année. La grande majorité sont vendus sous des marques bien connues servant en général de base à mélanger avec du cola ou un autre soft.
Mais certains on été créés non pas dans une optique de grande consommation, mais bien de dégustation. Nommés plus haut dans cette page, certains comme Nikka et Douglas Laing ont créé des blends capables de rivaliser avec certains single malt au niveau gustatif.