La tourbe à l’accent espagnol
Nous l’attendions, voici notre note de dégustation sur l’Octomore 7.3, deuxième version d’Octomore produite à partir d’orge cultivée à la ferme du même nom. Mais il y a quelques nouveautés par rapport à la première version, notamment les fûts utilisés, le niveau de tourbe mais, surtout, le master distiller. C’est le premier Octomore que Jim McEwan n’aura pas supervisé du début à la fin.
Nous sommes de retour en terres ultra tourbées, et le moins que l’on puisse dire c’est que cela nous manquait. Deuxième opus des « .3 », cet Octomore nous offre un nouveau point de vue sur ce whisky. Après les futs de Sauternes, de Cognac ou encore de château Petrus c’est cette fois ci un vin espagnol, Ribera del Duero, qui a magnifié ce whisky lors de son finish. Très peu d’indications ont été données sur le vin en question, et Donald MacKenzie n’a pas voulu être plus loquace à ce sujet.
Il s’agit à priori de vin blanc, entre la couleur du whisky, aux reflets dorés, et les notes qui s’en dégagent, il ne laisse que peu de place au doute. Concernant la tourbe le niveau de phénols a baissé pour culminer à 168 ppm. Un très beau niveau, même si l’on est loin des 258 ppm de la version 6.3 de l’année précédente. Mais bon, la course aux phénols n’est qu’un des nombreux aspects d’Octomore. Bref, trêve de paroles, faisons donc plus ample connaissance avec le premier Octomore embouteillé par Adam Hannett, successeur de Jim McEwan au sein de Bruichalddich.
Le nez démarre sur la viande fumée et, bien entendu avec Octomore, beaucoup de tourbe. Cendreuse, voir charbonneuse par moments, elle souligne à merveille les notes de citrons très dominantes contrebalancées par une pointe de sel. On retrouve ensuite un soupçon de vanille et un chocolat très discret, mais présent. Il évolue sur des notes florales et laisse même entrevoir quelques fruits avec des abricots pour finir sur une note de miel.
En bouche le fût de vin espagnol a donné une texture plus huileuse qu’habituellement, ce qui n’est pas pour nous déplaire. On retrouve la note saline et quelques épices du fût, notamment du poivre et du gingembre. Une forte note de noix apparait avant de retrouver un fruité étonnant face à tant de tourbe. Des abricots et une touche de citron, plus discrète qu’au nez, entourés par une tourbe cendreuse du plus bel effet, avec quelques nuances de fumée. Elle se termine sur une note de menthe et d’épices salées.
La finale est interminable comme avec chaque Octomore. On retrouve la fumée de tourbe, de l’orge maltée et une pointe saline.
L’avis de Private Whisky Society
Première remarque, habituelle, 200 euros pour un whisky de 5 ans, ça pique. Passé ce constat, cet Octomore est certainement l’un des plus beaux que nous ayons vu pour l’instant. Complexe, très bien marié au vin espagnol avec une dégustation où les notes sont bien compartimentées, il fait voyager entre douceur des notes du vin et brutalité de la tourbe. Une nouvelle réussite pour Octomore, maintenant il ne reste plus qu’à revenir à des prix plus raisonnables messieurs de chez Remy Cointreau !