Private Whisky Society

Entretien avec un baroudeur malté!

Après un film sur Islay et le tour de France des distilleries françaises, Robin Entreinger part pour de nouvelles aventures afin de nous faire découvrir de nouveaux horizons maltés d’écosse, direction les iles, d’Arran aux Orcades en passant bien entendu par Islay. Retour sur ses premiers projets et les aventures qui l’attendent encore.

Private Whisky Society

Bonjour Robin, vous êtes désormais connu et reconnu en tant que cinéaste français du whisky avec vos deux premiers films, Le monde du Whisky – Islay et le tour de France des whiskies. Comment vous est venue l’idée de réaliser ces films ?

En 2013, lorsque nous sommes, Valentin et moi, allés sur Islay pour le festival, nous ne savions pas que nous allions faire un petit film. J’avais simplement pris mon reflexe numérique, avec lequel il est possible de filmer ; et une fois sur place, nous avons fait quelques images de l’île et du festival – pour garder un souvenir ! Lors de l’Open Day à Laphraoig, nous avons visité la distillerie, et ils m’ont laissé filmer. J’ai pu, après cette visite, avoir une petite interview avec l’animatrice. Voilà comme est né ce premier film ! Nous avons, à la suite de cette journée à Laphroaig, décidé de faire un petit reportage amateur sur le festival et les whiskies d’Islay. Si j’avais su, j’aurais amené un trépied et un micro ! C’était, en fait, vraiment improvisé. Puis ce film à bien marché sur Youtube, et c’est en parlant avec mon caviste que l’on s’est dit qu’il serait sympa de faire un « petit » film sur les whiskies français. Pour être tout à fait sincère, je pensais qu’il devait y avoir tout au plus 10 distilleries de whisky en France, et encore… C’est en faisant des recherches pour préparer mon itinéraire que je suis rendu compte de l’ampleur de la tâche, et nous tenions alors notre sujet : qu’est-ce que le whisky français ? (D’où la phrase dans le film : « Ah bon ? Un whisky français? ». Le projet est passé d’un film d’une demi heure à un réel long-métrage, un grand reportage sur les distilleries de whisky françaises, qui dresse un portrait finalement assez complet et qui explique aussi petit à petit les différentes étapes de la fabrication du whisky.

Avez-vous suivi des études concernant la réalisation de film ou êtes vous totalement autodidacte ?

Je viens de la technique. J’ai fait un BTS audiovisuel, et j’ai un passé de cadreur / chef opérateur. Aujourd’hui – et depuis 2010, disons -, je suis réalisateur. Ce qui ne m’empêche pas de prendre la caméra, pour mes projets ou ceux des autres. Je réalise essentiellement des films de fictions, longs-métrages. Le tournage de reportage sur le monde du whisky est une passion, un hobby. Pour revenir à la question : j’ai donc une formation de technicien de l’image, et aussi un gros bagage de cinéphile : mes parents étaient exploitants de salle de cinéma, j’ai grandi en cabine de projection. Je me suis formé tout seul à la réalisation, après avoir été cadreur sur un long-métrage d’aventure tourné à Lyon. Finalement, ça m’est apparu comme une évidence : je m’éloigne aujourd’hui de la technique pour me concentrer sur le contenu, le fond plus que la forme. C’est pourquoi, dans le Tour de France des Whiskies, j’ai choisi un style caméra à l’épaule, libre de mes mouvements, sans chercher à faire quelque chose de forcément joli. C’est ce qui est à l’image qui m’intéresse plus que le reste.

Vos deux premiers films ont du être de sacrées aventures, entre Islay et le tour de France, vous avez du découvrir de nombreuses distilleries et des personnes passionnées, quels sont vos plus beaux souvenirs de ces tournages ?

Ces deux tournages ont été très différents, mais chacun inoubliable. L’Ecosse pour le côté aventure, sauvage ; et le Tour de France pour les rencontres humaines. Nous avons vécu beaucoup de moments privilégiés, et certains resterons impérissable. Sans pouvoir tous les citer, nous nous souviendrons toujours de la première rencontre avec Jean Metzger, à Uberach en Alsace, et de la soirée en terrasse d’un resto à déguster du vin et des whiskies uniques jusqu’à tard dans la nuit. La journée passée dans les chais avec Phlippe Laclie à Bercloux, qui nous a fait découvrir en off un cognac de 1918 -après nous avoir fait goûter à tous ces fûts de whisky-, fût aussi un grand moment.

Certains whiskies ont du vous marquer, notamment en France où tous ne sont pas aussi connus que les écossais malgré de belles qualités, avez-vous fait des découvertes qui vous ont plus marquées que les autres ?

Les whiskies français offrent une diversité incroyable de goût. C’est très difficile de faire un classement, car ça ne serait pas très constructif, tout ceci étant lié au goût de chaque personne. Si je dois citer quelques références, je dirais que les whiskies qui nous ont le plus marqué avec Valentin seraient le Flavis du Domaine des Hautes Glaces pour sa saveur céréalière hors norme, les whiskies de Castan (Vilanova) que nous avons trouvé originaux et très bien maîtrisé, la gamme d’Uberach pour son côté épicé absolument unique, et bien d’autres encore… Désolé de ne pouvoir citer tout le monde !

Vous partez désormais du coté des iles écossaises, pouvez vous nous en dire plus sur cette nouvelle aventure qui s’annonce ?

Avec Valentin nous connaissons bien Islay, nous y allons fin mai pour le festival chaque année. Nous aimerions profiter de cette année 2016 pour tourner un nouveau reportage, avec plus de moyen. Une meilleure caméra, un meilleur micro, des visites et des interviews plus longues, prévues à l’avance etc. Nous avions aussi enviz de découvrir les autres whiskies des îles (on connait les whiskies, mais pas les distilleries!), nous avons donc décidé de regrouper les deux projets en un seul grand film, un film sur les whiskies des îles écossaises. Toutes les distilleries feront partie du film, sans exception. J’ai hâte de découvrir les Orcades, où se situent Scapa et Highland Park, les paysages sont manifestement fantastiques, cela fait très longtemps que je rêve de monter là-haut.

Comme pour Le tour de France du whisky, vous faites une campagne de Crowdfunding pour financer votre film sur les iles, pouvez-vous nous en parler plus en profondeur?

Nous avons lancé un financement participatif sur le site kisskissbankbank, qui va durer tout le mois de février. Nous avons besoin des internautes pour financer notre tournage, car un tournage coute très cher en matériel, en déplacement et en post-production (montage, mixage, musique etc). La somme demandée (4600 euros) est en réalité très faible par rapport à un tournage de ce genre, qui se chiffre plutôt à plusieurs dizaines de milliers d’euros… Nous espérons arriver à rassembler la somme pour pouvoir faire ce film qui sera ensuite gratuitement disponible sur Youtube dans sa version courte. Les contributeurs auront bien sur accès à la version longue, qui sera elle disponible en VOD sur Vimeo. Des rétributions sont évidemment prévues, comme une belle affiche signée, et même une bouteille de Laphroaig Cairdeas 2016 pour les plus généreux, une version ultra-limitée de ce fameux whisky (bouteille introuvable ailleurs que sur Islay lors du festival Feis Ile, très recherchée par les collectionneurs) !

Comment choisissez-vous les thèmes de vos films ? Par affinité ou avez-vous un plan précis en tête ?

Pour le Tour de France des Whiskies, nous avions un plan de tournage très précis, mais pas d’idée précise pour le montage. L’idée de construire le film en suivant la chaîne de fabrication du whisky est née pendant le voyage, après visionnage des rushes. Ce choix nous parait aujourd’hui comme une évidence : il n’y avait réellement pas d’autre moyen de monter ce film sans le rendre redondant ! La durée d’1h40 peut choquer au début, mais on comprend pourquoi en regardant le film : j’ai essayé de faire un film pour tous, accessible, digeste, avec de l’humour et de la légèreté, mais aussi plein d’informations pour les amateurs de whisky, comme pour les novices. Pour l’Ecosse, nous partons réellement sur l’idée d’un road trip, nous nous filmerons lors du voyage, dans la voiture, au camping, dans les auberges de jeunesse, les traversées en ferry, les concerts dans les pubs etc. Nous allons faire en sorte d’emmener les spectateurs avec nous, pour leur faire vivre ce beau voyage.

Ce film sera-t-il le dernier ou d’autres projets sont-ils déjà entrain de murir dans votre tête ?

Notre prochaine destination sera sans doute le Japon ; pour tout vous dire, j’ai déjà organisé le voyage ! Il ne reste plus qu’à décider des dates… Probablement en 2017. Je pense qu’un grand film par an dans le Monde du Whisky est un bon ryhtme ! Nous aimerions aussi faire l’Irlande, le Speyside, et les Etats-Unis (peut-être en 2 gros films)…

Sur un plan plus personnel, quel a été le premier single malt qui vous a donné envie d’aller plus loin ?

Je ne crois pas être très original en répondant le Lagavulin 16 ans… Lagavulin reste encore l’une de mes distilleries préférées, même si je classe Arbdeg en première place. Au début, j’étais très orienté sur les whiskies tourbés. Je m’en suis petit à petit éloigné, mais j’y reviens régulièrement avec un grand plaisir. Je pense qu’il est important d’avoir une connaissance globale de ce qui se fait en whisky pour pouvoir parler du goût en connaissance de cause. Comme je voyage beaucoup pour mon travail (je tourne des films en France, mais aussi régulièrement au Japon et plus recemment aux USA), j’ai la chance de pouvoir beaucoup de chose non disponible en France… Ceci dit, il me reste encore énormement de whisky à gouter, je ne connais par exemple pas toutes les distilleries d’Ecosse, loin de là !

Un grand merci à Robin pour avoir pris le temps de répondre à nos questions. Nous continuerons de le suivre dans ses aventures et lui souhaitons toute la réussite qu’il mérite pour sa campagne de crwdfunding sur KissKissBankBank.



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