Private Whisky Society

Entretien avec une Ileach made in France

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Depuis longtemps maintenant, Martine Nouet fait partie du paysage du monde des spiritueux en France et ailleurs. Car si cette normande de naisance, grande amatrice d’eaux de vie et juge à l’IWSC, a été l’une des fondatrices de Whisky Magazine, elle vit aujourd’hui sur une petite ile des Hébrides qu’on appelle Islay (et dont les habitants s’appellent les Ileachs). Elle a gentiment accepté de répondre à nos questions entre Islay, Guide Hachette des Whikies et Masters of the Quaich.

Bonjour Martine Nouet, dans un premier temps pourriez vous vous présenter à notre communauté ?

Je suis journaliste culinaire et spécialiste des eaux-de-vie. Née en Normandie, baignée dans la culture de la bonne chère, du cidre et du calvados, j’ai développé une passion pour les arts de la table. Je suis aussi passionnée de photographie, de lecture et d’opéra. Je ne m’ennuie pas une seconde ! Je voyage beaucoup, je vis sur Islay, une des îles Hébrides intérieures au large de la côte ouest de l’Ecosse. Un vrai paradis en fait.

Vous avez eu une grande carrière dans la presse française pour finalement participer à la création de Whisky Magazine et en devenir la rédactrice en chef pendant plusieurs années, pouvez vous nous parler de cette période de votre carrière ?

J’ai créé Whisky Magazine France en 2004 avec Thierry Bénitah, propriétaire de la Maison du Whisky. Ce fut une très belle aventure. Je collaborais déjà à Whisky magazine Grande-Bretagne, grâce à l’appui de Michael Jackson, le plus grand écrivain du whisky que nous ayons et qui est devenu un ami très cher. Il a hélas disparu en 2007 et il nous manque toujours. J’ai commencé à “mettre mon nez” dans le whisky en 1989, à l’occasion d’un voyage personnel en Ecosse. J’ai visité la distillerie de Tamdhu dans le Speyside et c’est là que le déclic s’est produit. J’ai adoré l’Ecosse, je me suis plongée dans l’histoire, celle de l’Ecosse puis celle du whisky. Peu à peu j’ai commencé à déguster des single malts, j’ai écrit des articles et je n’ai plus arrêté depuis.

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Martine le jour de son intronisation en tant que Master of the Quaich

En 2012 vous avez été nommée Master of the Quaich, une distinction très prisée et difficile à obtenir, pouvez vous nous en apprendre plus sur cette récompense et ses implications ?

The Keepers of the Quaich est une association regroupant les acteurs de l’industrie du whisky. Elle honore chaque année des personnes qui ont contribué à la connaissance et à la promotion du whisky partout dans le monde. Ils sont intronisés “Keeper of the Quaich” sur cooptation. Il faut avoir été nommé par des membres (en général des grandes compagnies). La nomination suit une procédure particulière. J’ai été nommée “Keeper of the Quaich” en 2002. Le grade supérieur “Master of the Quaich” suit une procédure particulière. La nomination doit être avalisée à l’unanimité par le comité des directeurs de l’association. Il y a environ 2000 Keepers dans le monde mais à peine 150 Masters et sans doute très peu de femmes. Je pense être la seule française et la seule… blonde ! Etre Master représente un grand honneur pour moi.

Vous avez également été juge durant plusieurs IWSC, quel effet cela fait il de se retrouver juge dans une compétition aussi prestigieuse ?

Je suis juge à l’IWSC depuis 15 ans. C’est aussi un honneur et une grande responsabilité. Un moment important dans mon année car je rencontre les membres les plus éminents du monde du whisky et nous avons noué de solides relations d’amitié. Donc nous joignons la convivialité à l’expertise professionnelle.

Quels sont vos souvenirs les plus marquants lors de ces compétitions ? Y-a-t-il un whisky ou une anecdote qui vous aurait plus marqué que les autres ?

Nous dégustons à l’aveugle et dans la plus grande concentration. Nous avons des échanges très ouverts, quelquefois un peu houleux quand nous donnons nos notes et que nous discutons l’attribution des médailles. Chacun peut s’exprimer. Je me souviens avoir “sauvé” une médaille d’or pour un calvados domfrontais à qui on reprochait de goûter la poire! Les spécialistes du whisky ne connaissent pas forcément les autres eaux-de-vie. J’ai expliqué la spécificité de ces calvados et convaincu mes collègues que cette eau-de-vie était remarquable. Nous avons aussi parfois des moments de détente. Mes descriptifs des eaux-de-vie dégustées amusent beaucoup mes collègues.

Mais venons-en au cœur du sujet. Vous avez écrit et publié en fin d’année dernière le Guide Hachette des Whiskies, quel a été l’élément déclencheur, ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?

J’ai été contactée par Hachette qui désirait étendre sa collection de guides au whisky après avoir publié le Guide Hachette de la bière l’année précédente. J’ai eu un bon contact avec l’équipe éditoriale qui m’a donné entièrement carte blanche pour rédiger ce guide. Très important pour moi. Donc j’ai dit oui.

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Beaucoup de livres existent sur le sujet, sous quel angle votre livre traite-t-il du whisky ? Qu’a-t-il de différent par rapport aux autres ?

Il n’y a pas en France de guide du whisky écrit par un(e) Française(e). Le guide de référence pour moi est celui de Michael Jackson, Guide de l’amateur de malt whisky. Un trésor (je parle des éditions rédigées par Michael et pas des dernières éditions). Bien sûr, les notes sont souvent obsolètes maintenant mais il demeure que sa description des whiskies est remarquable. Mais il n’abordait que le single malt. Le guide Hachette “balaye” les whiskies du monde. Loin d’être exhaustif certes mais il donne à l’amateur comme au débutant une bonne base pour faire ses propres découvertes. Et il aborde les accords mets et whisky, ce qu’aucun guide n’a fait jusque-là.

Lors de la rédaction du Guide Hachette des Whiskies vous avez choisi 500 whiskies que vous décryptez, comment avez-vous réussi à faire le tri parmi les milliers que vous avez du déguster ?

Nous n’avions pas la place pour des “critiques” et ce n’est guère constructif. Il y a bien sûr beaucoup plus que 500 “bons” whiskies. J’ai cherché à présenter un maximum de whiskies disponibles sur le marché français et dans une fourchette de prix abordables. Il y a quelques oiseaux rares et hélas certains embouteillages limités ne sont déjà plus disponibles mais on trouvera facilement l’équivalent (ou presque).

Sur un plan plus personnel, quel a été votre premier single malt ? Celui qui vous a donné envie de continuer ?

Mon premier single malt n’a pas été Tamdhu bien que ce fût la première distillerie visitée. Car à cette époque, je n’aimais pas boire de whisky. Je me contentais de la humer, avec grand plaisir (je reste toujours une consommatrice très modérée de whisky et d’autres eaux-de-vie). Mais je déguste sans limite.
Mon premier single malt a été Caol Ila 12 ans (ancienne bouteille). Ce fut une révélation, l’image d’un arc-en-ciel de saveurs.

Quelle a été votre dernière belle découverte ?

Les whiskies de Jean Donnay, Kornog en particulier, sont toujours une révélation. Son single malt rye est remarquable.

Vous êtes également une fine cuisinière et adorez les expériences sensorielles entre spiritueux et nourriture, pourriez vous proposer à notre communauté une alliance simple à réaliser avec un whisky ?

Je vais publier à la mi-avril mon livre – attendu par beaucoup – sur la cuisine au whisky. Il s’appelle “à table”, publié à compte d’auteur mais en anglais. Je donnerai prochainement toutes les informations sur mon site martinenouet.com. Un bel accord ? Magrets de canard sauce à l’orange avec Glenfarclas 15 ans ou Macallan Sienna ou un tartare de saint-jacques avec une émiettée de crabe et des radis avec Glenrothes Alba Reserve ou encore des huîtres avec Laphroaig 10 ans. Je donne 50 recettes dans mon livre et beaucoup plus d’accords.



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